Hier soir, j’ai dormi au camping de Saint-Valéry sur Somme avec Antoine venu passer quelques jours avec moi. Ce devait être un grand moment de plaisir, d’autant que la venue de mon fils coïncidait avec ma rencontre avec la mer, après 1500 km et 65 jours de marche depuis le début de ma traversée de la France à pied.
le vol de mon smartphone
Malheureusement, au camping, je me suis fait subtiliser mon vieux smartphone que j’avais branché dans les sanitaires le temps de prendre ma douche. Une chance pour moi, l’affaire ne se termine pas trop mal car cet après-midi, la gendarmerie m’a contacté pour m’informer que des éducateurs pénitentiaires l’avaient retrouvé dans les affaires d’une fille mineure venue passer quelques jours de vacances avec d’autres jeunes délinquants dans le camping de Saint-Valéry.
le vol des oies cendrées
Ce soir, je bivouaque aux abords du parc ornithologique de Marquenterre. Je suis comme ces milliers d’oiseaux qui s’offrent un moment de répit dans la baie de Somme avant de poursuivre leur migration. Certains partent déjà vers le sud, tandis que je chemine vers le nord. J’observe les oies cendrées qui volent en cadence au-dessus de ma tête. Leurs cris sont calés sur le rythme du battement de leurs ailes. On dirait des rameurs d’avirons qui coordonnent leurs efforts.
l’association Seuil
Savourant les derniers instants de soleil sur la baie à marée basse, je repense au vol de mon téléphone et au devenir de cette jeune fille qui va être de nouveau convoquée par le juge. Quel avenir pour cette jeune ? Je fais le lien avec ma rencontre avec Tom dans les Cévennes qui accompagnait un jeune délinquant Belge sur les chemins de Compostelle. Je pense aussi à ce billet de 50€ trouvé dans des conditions rocambolesques peu avant d’arriver sur Vézelay. Je revois Bernard Ollivier sur la route de Chine, dont le récit m’avait donné l’envie de cette marche et pense à l’association Seuil qui aide les jeunes à retrouver un chemin plus serein dans une société dont ils sont exclus. Peu avant mon départ de Vézelay, j’ai voulu me décharger de ce fameux billet de 50€ qui pesait lourd dans ma mémoire. J’ai adhéré et fait un don à l’association. Je renouvellerai mon soutien l’année prochaine et les suivantes, car je suis convaincu que la solution ne passe pas toujours par la prison.