l’horloge à eau et à bille de Lavoine

Sa présence dans le bourg attire l’œil et incite à s’arrêter

est-il écrit sur le panneau expliquant le fonctionnement de cette étrange horloge à eau et à billes installée au cœur du petit village de Lavoine dans l’Allier. Ce n’est pas faux, puisque je suis venu déposer mon sac à dos au pied de la table de pique-nique qui jouxte l’installation.

la précision suisse en Pays Bourbonnais

Le fonctionnement de cette horloge est basé sur le principe des scieries à eau collectives, autrefois nombreuses dans la région. Une roue à aube de deux mètres de diamètre actionne une poulie, qui permet à un bras de plusieurs mètres de soulever une grosse bille en bois de vingt centimètres de diamètre pour la poser dans une goulotte qu’elle dévale en boucles successives avant de rejoindre différents réceptacles. L’opération se renouvelle cinq fois de suite, la cinquième bille faisant contre-poids pour permettre le basculement du réceptacle. Pas simple à comprendre, d’autant que le panneau d’information ne délivre que des explications sommaires sur le fonctionnement de l’horloge. Pour comprendre et apprécier le mécanisme, il faudrait patienter tout un cycle horaire.
Il ne doit pas être loin de midi. La table de pique-nique est un point d’observation idéal de l’horloge à eau et à billes du village de Lavoine. Au menu, thon en boîte, tomates et céréales. Par curiosité, je consulte la liste des ingrédients de mon paquet de céréales. Flocons d’avoine : 1%. Hasard ou préméditation ? Va savoir !

un grain de sable dans le mécanisme

Je suis tiré de mes pensées par un bruit suspect, provenant du mécanisme de l’horloge. À l’aide, horloger, où es-tu ? La courroie s’est désolidarisée de la poulie et le bras s’est immobilisé. Que faire? Personne à l’horizon. Pas de numéro d’appel d’urgence. Je serais bien tenté d’aller moi-même remettre la courroie en position sur la poulie… Mais ensuite, comment mettre la pendule à l’heure ? Il me faudrait récupérer les billes retardataires pour les déposer dans les bons réceptacles.
Finalement, je renonce à mon rôle de gardien du temps et poursuis mon repas comme si de rien n’était. Quelques habitués du restaurant voisin passent à mes côtés en me saluant. Nul ne peut ignorer le dysfonctionnement de l’horloge, mais personne ne semble s’en émouvoir.

 Ô temps, suspend ton vol!

Quant à moi, je reprends ma marche.