se perdre dans le désert

Qu’est ce qui est jaune, qui va et vient à vive allure dans un vacarme assourdissant?

La 4L du facteur qui me croise pour la seconde fois, alors que je marche sur le bord de la chaussée. Lorsqu’il arrive à ma hauteur, le postier ralentit et me fait une nouvelle fois signe de la main, un sourire amusé au coin des lèvres. Il doit me trouver ridicule. Je suis perdu. Je l’ai vu passer une première fois alors que je marchais en sens inverse sur la chaussée déserte. Tout ça parce que j’ai voulu marcher en écoutant de la musique.
D’ordinaire, je n’en éprouve pourtant pas le besoin, pas même pour égayer les heures de marche qui sont parfois longues et répétitives. Pour tout dire, j’aime écouter le bruit de mes pas sur le sol. Une, deux, une, deux, il rythme mes journées, me plonge parfois dans mes pensées. Puis, la nature me réveille. C’est le craquement d’une branche en forêt, le chant d’un oiseau, le souffle du vent qui m’apporte les sons du village proche.
Peut-être est-ce le sentiment d’être entré dans un désert qui m’a inconsciemment poussé à sortir mon smartphone pour écouter la musique. Au son des Beatles, les écouteurs dans les oreilles, je chantais haut et fort. Let it be, yellow submarine,… Je me suis laissé distraire et emporter par le chemin qui mène à Saint-Guilhem-le-Désert. J’ai croisé la D9, pris à droite sans me poser de question. Mc Cartney chantait Michelle. J’étais heureux, en route pour la Vacquerie. C’est le facteur qui m’a sorti de ma léthargie, lorsqu’il est passé la première fois. Un rapide point sur ma carte et un regard vers le soleil pour m’orienter, et j’ai constaté que je marchais dans le mauvais sens. Je ne savais pas vraiment où j’étais, mais la prudence m’a conseillé de faire demi-tour pour repartir vers le nord. Encore une heure de marche pour rejoindre le village. Mes réserves d’eau sont à sec, merci les Beatles!